Le licenciement pour motif personnel est une décision unilatérale de l’employeur de mettre fin au contrat de travail d’un salarié pour des raisons inhérentes à la personne de ce dernier. Cet article vise à éclairer les aspects juridiques liés à cette procédure et à apporter des conseils pratiques aux acteurs concernés.
Les différents types de motifs personnels
Un licenciement pour motif personnel peut être fondé sur des faits fautifs commis par le salarié ou sur des motifs non disciplinaires. Les faits fautifs peuvent être, par exemple, l’inexécution du contrat de travail, le manquement à la discipline ou encore l’insubordination. Les motifs non disciplinaires peuvent résulter d’une inaptitude physique, d’une insuffisance professionnelle ou encore de l’impossibilité pour le salarié de conserver son emploi en raison d’une condamnation pénale.
La procédure à suivre par l’employeur
Pour que le licenciement soit valable, l’employeur doit respecter une procédure précise, sous peine de voir sa décision contestée devant les tribunaux. Cette procédure comprend notamment :
- La convocation du salarié à un entretien préalable: cet entretien doit se tenir au moins 5 jours ouvrables après la réception de la lettre de convocation par le salarié. L’employeur doit y exposer les motifs de la décision envisagée et recueillir les explications du salarié.
- La notification du licenciement: après l’entretien préalable, l’employeur doit notifier sa décision par écrit et la motiver précisément. Le délai minimum entre l’entretien préalable et la notification est de 2 jours ouvrables.
- Le respect du délai de préavis: en cas de licenciement pour motif personnel, le salarié a droit à un préavis dont la durée varie selon son ancienneté et la convention collective applicable.
L’évaluation du motif par les juges
En cas de contestation du licenciement devant les tribunaux, les juges vont évaluer si le motif invoqué par l’employeur est réel et sérieux. Pour être réel, le motif doit être exact et vérifiable ; pour être sérieux, il doit justifier une rupture définitive du contrat de travail. Les juges disposent d’un pouvoir d’appréciation pour déterminer si ces conditions sont remplies.
Les conséquences juridiques d’un licenciement sans cause réelle et sérieuse
Si les juges estiment que le licenciement n’est pas fondé sur un motif réel et sérieux, ils peuvent condamner l’employeur à verser des dommages et intérêts au salarié. Le montant de ces indemnités dépend de l’ancienneté du salarié et du préjudice subi. En outre, si le licenciement est jugé abusif, l’employeur peut être condamné à verser des indemnités compensatrices de préavis et de congés payés.
Les conseils pratiques pour les employeurs et les salariés
Pour les employeurs :
- Vérifier que le motif invoqué pour le licenciement est bien réel et sérieux.
- Respecter scrupuleusement la procédure légale et conventionnelle.
- Rédiger avec soin la lettre de notification du licenciement en précisant les motifs.
Pour les salariés :
- Bien préparer l’entretien préalable en rassemblant tous les éléments permettant de contester le motif invoqué par l’employeur.
- Se faire assister par un conseiller lors de l’entretien préalable (représentant du personnel ou avocat).
- Saisir éventuellement le conseil de prud’hommes en cas de contestation du licenciement (délai maximum : 12 mois à compter de la notification).
Dans une décision récente, la Cour de cassation a rappelé que « la cause réelle et sérieuse du licenciement s’apprécie au regard des motifs énoncés dans la lettre de licenciement » (Cass. soc., 3 juillet 2019, n° 18-10.551). Cette jurisprudence souligne l’importance de la rédaction de la lettre de notification pour les employeurs et la nécessité pour les salariés de bien vérifier les motifs invoqués.
Le licenciement pour motif personnel est une procédure complexe qui doit être menée avec rigueur par l’employeur, sous peine de sanctions financières. Il est essentiel pour les deux parties de connaître leurs droits et obligations et, en cas de litige, de se faire accompagner par un professionnel du droit afin d’assurer le respect des règles légales et conventionnelles.